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Ann Mortifee est membre du réseau de soutien Ashoka. Pour en savoir davantage à propos de ce réseau, cliquez ici, et envisagez de vous joindre à notre communauté.

Q&A

1. Parlez-nous de votre parcours d’agente de changement et du rôle que le travail de changement et l’innovation sociale y ont joué.

J’ai été très marquée par l’éducation que j’ai reçue en Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid et par les inégalités que j’ai vues là-bas. C’est d’ailleurs pour ça que ma famille a quitté le pays. Lorsque j’ai déménagé au Canada, les arts et la culture sont devenus mon exutoire pour explorer les moyens d’améliorer le monde. Je me suis beaucoup impliquée dans le théâtre où le chef Dan George (chef de la Nation Tsleil-Waututh en Colombie-Britannique, acteur, musicien, poète et auteur) a travaillé et collaboré à la pièce The Ecstasy of Rita Joe. Je suis ensuite devenue chanteuse et écrivaine. Je me suis mise à écrire sur ce qui pourrait être changé dans le monde. J’ai compris qu’il était important de réaliser quelque chose dans le monde, même si nous pensons que nous ne pouvons pas le changer, parce que nous ajoutons un caillou à la montagne du changement — chacun·e d’entre nous a un rôle à jouer.
Mon rapport à la terre et mon intérêt pour la foresterie durable ont également joué un rôle important dans ma vie. Je vis sur l’île de Cortes, en Colombie-Britannique, et une coupe à blanc allait avoir lieu sur le terrain à côté de chez moi. J’ai collaboré avec mes voisin·e·s pour sauver ce terrain, pour ensuite fonder le Trust for Sustainable Forestry. Je ne connaissais rien à la foresterie ni à la gestion d’une organisation vouée à la conservation, mais je savais que je devais faire quelque chose. J’ai donc appris graduellement. C’est ma véritable passion pour une chose et l’envie d’améliorer le monde qui sont à l’origine de la plupart des changements que j’ai induits.

2. Comment les autres peuvent-ils cultiver la confiance en eux nécessaire pour agir en tant qu’agent·e·s de changement?

Je crois que nous possédons tou·te·s des dons innés qui sont vraiment essentiels au monde. Nous avons tou·te·s une partie engagée et aimante en nous qui veut protéger les choses qui nous tiennent à cœur. Mais il y a aussi une voix, qui est alimentée par la société et qui nous dit que nous ne sommes pas assez bons ou pas assez intelligents pour être capables de le faire. Quand j’ai commencé à travailler dans le domaine de la conservation des forêts, il a fallu que j’apprenne à ne pas écouter cette voix. Il a fallu que j’arrête d’avoir peur, de me plaindre et de m’apitoyer sur mon sort. J’aurais échoué si je n’avais pas fait ça. J’ai dû faire beaucoup de sacrifices. J’ai cherché le sens du mot « sacrifice », et l’une des définitions est « accorder un caractère sacré à quelque chose ». La terre est sacrée pour moi. J’ai fait un acte de foi.
Il n’est pas nécessaire d’être la personne idéale pour ce travail. Vous devez simplement avoir quelque chose en vous qui vous pousse à le faire. Votre parcours commence dès que vous faites le premier pas.

3. Qu’est-ce qui vous a amenée à vous impliquer auprès d’Ashoka?

Je dirige la Somerset Foundation avec mon frère Peter et sa femme Nancy (apprenez-en davantage sur Peter Mortifee et Nancy Mortifee, qui sont également membres du réseau de soutien Ashoka). Ils m’ont fait découvrir le merveilleux travail d’Ashoka. J’ai cru en la vision du changement d’Ashoka et j’ai su que j’étais une agente de changement — nous le sommes tou·te·s. Tout au long de notre vie, chaque pensée que nous avons, chaque mot que nous prononçons et chaque geste que nous posons est source de changement — dans notre famille, notre communauté et notre monde. Si une personne traverse une période difficile, un petit geste de votre part peut avoir une énorme incidence sur elle. Vous ne connaissez pas les répercussions de vos actions et de vos réalisations dans le monde.

4. Parlez-nous d’un·e Fellow Ashoka qui vous inspire.

Aaron Pereira, qui dirige le Wellbeing Project. En vieillissant, j’ai compris que pour soutenir notre vision souhaitée du monde, il faut nous soutenir nous-mêmes**.** Si nous n’apprenons pas à maîtriser nos émotions et notre esprit, ce sont eux qui nous maîtriseront. Le Wellbeing Project soutient les Fellows qui sont dans le feu de l’action — on exige tellement d’eux qu’ils doivent cultiver leur bien-être intérieur pour satisfaire ces exigences. Comment nourrir le monde extérieur? Par le monde intérieur.

5. Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui aspirent à devenir des entrepreneur·e·s sociaux? Quelle est la leçon la plus importante que vous avez tirée de votre parcours?

Vous devez vous départir de votre obsession d’atteindre l’objectif et simplement mettre un pied devant l’autre. Ne soyez pas défaitiste et ne vous tourmentez pas l’esprit — « c’est trop difficile », « ce n’est pas juste », « personne ne m’aide ». Concentrez-vous sur l’action, sur le quotidien. Si la vision vous anime, continuez à la suivre. Réalisez-la si vous le pouvez; si vous ne le pouvez pas, ce n’est pas grave : quelqu’un d’autre cherchera à lui donner vie parce que vous l’avez semée dans le monde. Le travail que nous réalisons permet de poser des jalons pour les autres. La leçon la plus importante que j’ai apprise, c’est que je ne peux pas sauver le monde. Je peux toutefois l’enrichir.