Melanie Redman
Vers un chez-soi Canada
Toronto, ON
Secteur d'Impact
Droits de l'Homme & Égalité
Jeunesse
RECONCEVOIR LES SOLUTIONS CONTRE L’ITINÉRANCE CHEZ LES JEUNES
Le défi : Chaque nuit, au Canada, 6 000 jeunes n’ont aucun endroit sécuritaire où dormir. Ils courent ainsi plus de risques d’être exploités, violentés, victimisés ou malmenés. Et plus ils restent longtemps à la rue, plus leurs perspectives s’amenuisent. Nous sommes tellement occupés à répondre aux besoins urgents des jeunes sans-abri que nous avons oublié de mettre en place une stratégie pour nous attaquer à l’itinérance de façon permanente.
La solution : Avec Vers un chez-soi Canada, Melanie Redman lutte contre l’itinérance chez les jeunes de manière préventive plutôt que réactive. Plutôt que de « s’occuper » des jeunes sans-abris en leur offrant des services d’urgence, Vers un chez-soi Canada se sert d’une approche proactive, collective et fondée sur des données probantes afin d’améliorer les conditions des jeunes et de leur famille en faisant d’abord en sorte que ceux-ci ne deviennent pas itinérant·e·s.
Une approche préventive pour contrer l’itinérance chez les jeunes
Accroître le nombre et la qualité de refuges, de soupes populaires et de maisons de transition ne permettra pas d’éliminer l’itinérance chez les jeunes. Cela ne sera possible qu’en faisant d’abord en sorte qu’ils ne deviennent pas itinérant·e·s.
Voilà la prémisse simple, quoique pleine de bon sens sur laquelle se fonde Vers un chez-soi Canada, une coalition nationale qui reconçoit les solutions pour contrer l’itinérance chez les jeunes par l’entremise de transformations sur le plan des politiques, de la planification et de la pratique. La Fellow Ashoka Melanie Redman est cofondatrice ainsi que présidente et directrice générale de Vers un chez-soi Canada.
Prévenir l’itinérance chez les jeunes — sans parler de l’itinérance tout court — exige de faire preuve de créativité, de faire des expériences et de prendre des mesures, indique Melanie. « Nous voulons que nos solutions reposent sur des données probantes. » Pour ce faire, Vers un chez-soi Canada s’est associée à l’Observatoire canadien sur l’itinérance de l’Université York pour mettre sur pied Changer de direction (CdD), qui est un Réseau de centres d’excellence du Gouvernement du Canada. En 2021, Changer de direction a également reçu la désignation de Centre d’excellence de la Charte de Genève de l’ONU. Ce laboratoire est constamment en train d’essayer, d’innover, de faire des erreurs — et de réussir — en temps réel dans le but d’établir une solide base de connaissances pour trouver des solutions permettant de prévenir l’itinérance, dit Melanie.
Vers un chez-soi Canada a également créé un outil pour mettre un terme à l’itinérance chez les jeunes. Ce cadre conceptuel offre des définitions et des exemples pratiques pour différentes stratégies de prévention. Il propose également une liste des personnes responsables à l’échelle systémique de chaque intervention, de même que des suggestions pour que celles-ci fassent partie de la solution. Ce cadre conceptuel est une composante de l’approche holistique de Vers un chez-soi Canada, cette dernière reconnaissant que la prévention de l’itinérance chez les jeunes exige un effort collectif nécessitant d’éliminer les cloisons entre les principaux acteur·rice·s — incluant les jeunes ayant vécu l’itinérance.
« Quand ces jeunes viennent nous consulter, ils peuvent dresser la liste, pour chaque étape de leur parcours en tant qu’itinérant·e·s, des multiples interventions qui les auraient aidés, eux et leur famille, à mettre fin à ce parcours. Notre objectif est donc clair. Nous devons offrir un soutien global et des interventions aussi longtemps que cela est nécessaire afin d’aider les jeunes et leur famille et de stopper la descente des jeunes vers l’itinérance. Et pour ceux qui finissent itinérant·e·s, l’objectif est de les sortir de là, puis d’empêcher qu’ils tombent à nouveau dans cette situation. »
Vers un chez-soi Canada est à l’origine d’un mouvement international qui possède des ramifications aux États-Unis (lancement à la Maison-Blanche en 2016), en Australie, au Royaume-Uni et dans plusieurs pays d’Europe. Comme le dit Melanie, ce réseau international « est une merveilleuse plateforme d’échange de connaissances. Nous pouvons voir ce que font les collectivités publiques à travers le monde, et adapter leurs idées à nos communautés et à nos contextes ». Elle cite le « devoir d’assistance » en vigueur dans le pays de Galles, qui enjoint les agences publiques à travailler ensemble afin d’agir dans un certain délai lorsqu’elles savent qu’un·e jeune risque de devenir itinérant·e.
« En conséquence, l’itinérance a chuté de façon spectaculaire. Alors, comment pouvons-nous appliquer ce devoir d’assistance au Canada — et comment faire pour qu’il devienne un devoir de prévention? C’est stimulant! »