Cindy Blackstock
Société de soutien à l’enfance et à la famille des Première Nations du Canada
Ottawa, ON
Secteur d'Impact
Développement Économique
Droits de l'Homme & Égalité
Éducation
Engagement Citoyen
Peuples Autochtones & Réconciliation
Santé & Bien-Être
DÉCOLONISER L’ASSISTANCE SOCIALE POUR LES ENFANTS
L’Enjeu : Les pensionnats indiens ont peut-être fermé au Canada, mais les enfants des Premières Nations sont toujours retirés de leur famille à un rythme alarmant. Les enfants des Premières Nations sont largement surreprésentés dans le système de protection de l’enfance du Canada et largement sous-desservis en termes d’éducation, de réduction de la pauvreté, de soins de santé et d’autres droits humains fondamentaux.
La Solution : Dre Cindy Blackstock, co-créatrice de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, travaille sans relâche pour mettre en lumière – et éliminer – les politiques racistes et coloniales qui désavantagent systématiquement les enfants des Premières Nations et leurs familles. En collaboration avec les communautés des Premières Nations, les défenseurs des enfants et les gouvernements, Cindy fait la promotion de la réconciliation pour assurer l’équité pour les enfants et les familles en accord avec leur culture.
Défendre l’égalité.
Dans le système canadien de protection de l’enfance, les enfants des Premières Nations sont nettement surreprésentés en raison des répercussions persistantes des politiques et des mentalités racistes et coloniales. En 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne a conclu que le gouvernement fédéral avait délibérément et imprudemment discriminé les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves dans le cadre la prestation de services aux enfants et aux familles.
Dre. Cindy Blackstock a été la force motrice derrière cette décision. Depuis plus de 10 ans, elle défend les droits des enfants des Premières Nations. Elle demande justice et propose des solutions équitables et culturellement adaptées. Elle a créé une mentalité totalement différente – et décolonisée – qui valorise une véritable égalité de financement, d’éducation et de services pour tous les enfants, sans exception.
Enfant Gitxsan ayant grandi dans le nord de la Colombie-Britannique dans les années 60, Cindy a été victime de racisme de la part de personnes qui confondaient les symptômes dramatiques de l’oppression discriminatoire gouvernementale avec une infériorité raciale des Premières Nations. Déterminée à dépasser les attentes racistes que la société avait pour elle, elle a poursuivi des études postsecondaires et est devenue assistante sociale.
Mais le travail de première ligne n’a pas satisfait Cindy. Cela l’a en réalité rendu furieuse. Elle a constaté à quel point le système ne permettait guère de résoudre les véritables problèmes fondamentaux liés au bien-être de l’enfant et à la pauvreté. Et elle n’était pas la seule à faire ce constat.
En 1998, déterminée à apporter des changements systémiques profonds, Cindy a co-créé la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, un organisme national à but non lucratif dont la mission est de fournir des recherches, des politiques, du développement professionnel et des réseaux pour soutenir les organismes de services à l’enfance et à la famille des Premières Nations s’occupant d’enfants, de jeunes, de familles et de communautés.
La Caring Society travaille avec des communautés des Premières Nations, des défenseurs des droits et les différents niveaux gouvernementaux pour assurer une équité aux enfants et aux familles respectant leur culture. Cela a eu des effets mesurables sur des dizaines de milliers d’enfants des Premières Nations et leurs familles. En 2019, après avoir émis une série d’ordonnances de non-conformité à l’encontre du gouvernement fédéral (invoquées sans relâche par Cindy), le TCDP a condamné le Canada à verser jusqu’à 40 000 $ (le montant maximal permis en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne) aux enfants, aux jeunes et aux familles des Premières Nations auxquels le système de protection de l’enfance a fait du tort.
Cindy a créé Touchstones of Hope, un mouvement de réconciliation réunissant des praticiens des services de l’enfance et des membres des communautés des Premières Nations. Cela a permis de relier 233 groupes des Premières Nations et non-autochtones distincts représentant 30 langues différentes pour co-créer l’avenir ensemble.
Cindy a également créé les conditions nécessaires à la mise en oeuvre du principe historique de Jordan, du nom de Jordan River Anderson, un jeune Cri décédé à l’hôpital à l’âge de cinq ans, alors que les gouvernements fédéral et provinciaux se disputaient pour savoir qui devrait payer ses soins à domicile. Depuis 2016, plus de 350 000 affaires relevant du principe de Jordan ont été approuvées.
La Caring Society offre des ressources d’éducation publique dans le but de la réconciliation et propose des recherches et un accompagnement par le biais d’initiatives d’éducation, de campagnes de politiques publiques et de ressources de qualité. Par exemple, l’Assemblée des Premières Nations, les Chefs de l’Ontario, et d’autres peuples du monde entier, ont approuvé à l’unanimité le plan Spirit Bear de la Caring Society visant à mettre fin aux inégalités dans les services publics destinés aux enfants, aux jeunes et aux familles des Premières Nations.
L’expérience personnelle de Cindy et son indignation face à l’iniquité ont semé en elle la passion et la résilience nécessaires pour consacrer sa vie à la création de changements systémiques. Son expérience dans le développement communautaire et l’élaboration de politiques combinée avec sa rigueur intellectuelle l’ont propulsée dans un rôle de leadership au sein du mouvement de réconciliation. En 2018, le député néo-démocrate Charlie Angus l’a qualifiée de «Martin Luther King du Canada pour les enfants des Premières Nations».