Joel Heath
Arctic Eider Society
Sanikiluaq, Nunavut
Secteur d'Impact
Développement Durable
Développement Économique
Droits de l'Homme & Égalité
Éducation
Peuples Autochtones & Réconciliation
Science & Technologie
SAVOIR TRADITIONNEL ET TECHNOLOGIE DU 21E SIÈCLE
Le défi : Les changements climatiques modifient la culture et le mode de vie des Inuits. La disparition des glaces et les conditions imprévisibles compromettent la sécurité en matière de transport et imposent la mise en place de nouvelles mesures d’adaptation et le partage des connaissances autrefois transmises par la tradition orale. Bien que les Inuits représentent la population la plus touchée par les changements climatiques, ils sont trop souvent exclus des activités de recherche et de gérance environnementale dans l’Arctique, lesquelles misent sur les connaissances et méthodes eurocentriques.
La solution : En collaboration avec ses collègues de l’Arctic Eider Society (AES), Joel Heath a créé SIKU, une application sociale axée sur le savoir autochtone qui combine connaissances traditionnelles et terminologie environnementale pour faciliter la mise en œuvre de solutions et de stratégies menées par les Autochtones et ciblant l’atténuation des changements climatiques dans le Nord. Le résultat? De nouvelles occasions de développer des économies de conservation locales qui priorisent l’autodétermination des Inuits.
Le savoir traditionnel pour répondre aux défis du 21e siècle.
Les Inuits représentent la population de l’Arctique la plus touchée par les changements climatiques. Pourtant, leurs systèmes de connaissances autochtones, qui datent de milliers d’années, sont souvent exclus des activités de gérance environnementale menées dans la région, lesquelles priorisaient jusqu’à tout récemment les méthodes de recherche eurocentriques. Grâce à SIKU, une application multimédia de réseautage social conçue par et pour les communautés inuites, Joel Heath et l’Arctic Eider Society changent la donne.
L’autodétermination des Inuits dans la recherche, l’éducation et la gérance environnementale.
SIKU (terme inuktitut pour glace marine) relie les Inuits des régions éloignées pour mieux suivre l’évolution de la glace marine et des conditions météorologiques, se raconter leurs histoires de chasse, documenter les courants migratoires de la faune, suivre les espèces envahissantes et mettre leur savoir au profit de différents projets de recherche. Les résidents autochtones du Nord du Canada déposent leurs connaissances traditionnelles et leurs observations relatives au territoire et à ses habitants sur la plateforme pour convertir la culture orale en précieuses données scientifiques sur les changements climatiques. Cette application permet aux utilisateurs de prendre des décisions plus éclairées sur la gestion des effets cumulatifs qui découlent des changements climatiques et de l’exploitation des terres traditionnelles.
Dans une région où les emplois se font rares, SIKU encourage la création d’une nouvelle économie de conservation locale. Imaginons, à titre d’exemple, qu’une université au sud embauche 50 chasseurs inuits pour faire la collecte et le suivi de données sur les conditions de la glace et les habitudes migratoires des caribous par l’entremise de leur téléphone mobile. Selon Joel, les jeunes Inuits sont les mieux placés pour intégrer, dans des outils technologiques de pointe, la langue, les récits et les systèmes de connaissances de leurs aînés. Pour former cette prochaine génération de chercheurs communautaires et de gardiens de l’environnement, les capacités de la plateforme tiennent compte des exigences des programmes d’études des conseils scolaires du Nord.
Depuis sa création, en 2019, l’application SIKU a mobilisé des milliers de personnes partout dans l’Arctique canadien, où elle a été utilisée dans plus de la moitié des 51 communautés inuites. Elle a aussi donné lieu à des douzaines d’occasions de collaboration en recherche entre les communautés autochtones, les organismes régionaux, les universités et les gouvernements. L’AES souhaite mettre au point une fonction axée sur la sécurité en matière de transport, le suivi des changements climatiques et l’équité entre les genres sur le plan de la gestion environnementale et de l’autodétermination des Inuits. À l’échelle mondiale, SIKU sera déployée dans d’autres communautés autochtones des régions circumpolaires. En effet, plusieurs populations autochtones ont manifesté leur intérêt pour l’application dans le cadre de leurs propres efforts d’autodétermination.
Joel a commencé à travailler dans la communauté inuite de Sanikiluaq au début des années 2000 pendant sa recherche doctorale sur les eiders. « Lorsque j’ai obtenu mon doctorat, la communauté inuite locale de Sanikiluaq m’a félicité tout en m’avouant qu’en matière de savoir inuit, je n’étais encore qu’un simple profane. » Parfaitement lucide, Joel était bien d’accord. En 2011, il a quitté le milieu universitaire pour cofonder l’AES. Depuis, il n’a pas cessé d’apprendre dans l’objectif de renforcer sa communauté d’adoption et de replacer les connaissances autochtones au cœur de la gestion de l’écosystème de la baie d’Hudson.